Une ville-entreprise de 2 à 3 000 habitants ?
Un peu comme le Familistère de Godin, et sa folle « expérimentation de l’association du travail, du capital et du talent » ?…
Oui et non : en 150 ans, bien des choses ont changé ! L’industrie de la matière n’est plus le secteur moteur de l’économie, Bien des aspects de la vie sont même révolutionnés, Et puis, foisonnantes sont les vagues aspirations à une vie plus communautaire.
D’autre part, même s’il va s’agir de coopérative, comme l’était l’entreprise-ville de Godin, les aspects paternalistes et hiérarchiques de celle-ci n’y ont aucune place.
Enfin, l’ambition du présent appel est d’exposer comment de telles micro-villes irrégulières dépasseront le stade de prototype, stade jamais atteint par les rares initiatives inspirées de Fourier : Familistère de Godin, fâcheuses expériences américaines de Victor Considérant, etc.
Ceci dit, on n’échappera ni à l’analyse des divers collectifs de production – villes ou non – qu’a connues la planète : traditionnelles (mir russe, ejido mexicain, banjar balinais, etc.) ou volontaires (kibboutz israélien, etc.), ni à l’exploration des idées, ô combien révolutionnaires, exprimées dans le livre Bolo’Bolo de P.M. (incluant les raisons pour lesquelles ces idées n’ont pas encore connu de réelle application …).
Bon, je décris un peu cette entreprise.
Primo, les gens qui y travaillent pour générer de l’argent ne sont pas plus salariés ou prestataires de l’entreprise que les autres habitants de la ville : ils sont, comme les autres, porteurs de parts.
Et c’est l’entreprise-ville qui encaisse et décaisse l’argent, via un « gouvernement de l’argent » chargé de sa gestion (et d’un comité chargé de le contrôler !!!).
On verra que, dans la ville, d’autres « gouvernements » coexistent avec celui-ci (bien ou mal ? c’est en tout cas l’un des enjeux).
L’argent n’est d’aucune utilité à l’intérieur, puisque tout y est gratuit, Mais ça n’empêche que chacun – qu’il soit générateur direct d’argent ou non – bénéficie d’un revenu personnel (à dépenser à l’extérieur, par exemple, ou jamais dépensé), versé à tout habitant en tant que coopérateur.
La participation financière initiale de chacun.e à cette « société à capital variable » s’effectue via l’acquisition d’une part d’un montant symbolique ; la coopérative ne dispose donc que d’un capital ridiculement faible.
Mais la participation automatique de chacun.e à l’entreprise est le signe que toute la collectivité contribue à sa marche et à ses résultats.
A contrario, les capitalistes ordinaires n’admettent pas que les travaux ménagers domestiques par exemple, ou le soin aux enfants, etc. sont un indispensable « facteur de production »…
Ce qu’elle produit pour le marché ? Patience : on cause de ça plus loin… Mais, à coup sûr, même pour vivre frugalement, elle doit facturer à prix fort vers l’extérieur !
Reconsidérer les notions de « loisir », de « chômage », etc. est aussi l’une des fonctions utopiques de cette entreprise-ville qui « travaillera » autrement !
le dossier microvilles